Pindare - (-518 à -438)



Pindare, né à Cynoscéphales, un bourg près de Thèbes (Béotie), en 518 av. J.-C., mort à Argos en 438 av. J.-C., est l'un des plus célèbres poètes lyriques grecs.

Forte personnalité profondément attachée à la religion traditionnelle et à l'antique aristocratie dorienne qui prédominait à Thèbes, Pindare n'aimait pas Athènes dont l'esprit démocratique l'inquiétait : préférant les villes gouvernées par une aristocratie sachant instaurer le « bon ordre », il a consacré ses chants à célébrer ce vieil idéal.
En digne héritier de la conception aristocratique et dorienne du concours athlétique, Pindare est le premier à faire de l'hymne de triomphe une sorte de poème dont la signification est à la fois religieuse et morale.
Considéré dès l'Antiquité comme le maître incontesté et inimitable du lyrisme choral grec, synthèse de l'art poétique, musical et chorégraphique, il inaugure en outre dans ses Odes triomphales un art puissant aux rythmes savants où foisonnent des images somptueuses, art redécouvert par les Modernes seulement au XIXe siècle, et qui a inspiré les plus grands poètes.
En évoquant « Pindare serein plein d'épiques rumeurs », Victor Hugo résumait bien les deux traits essentiels du poète grec, la majesté tranquille et presque religieuse qui a frappé ses admirateurs, et la vigueur s'épanchant dans les flots larges et sonores de ses images et de sa langue.

Pindare est né dans une région imprégnée de poésie : n'oublions pas qu'Hésiode, le grand auteur didactique du VIIIe siècle, était d'origine béotienne et que l'art de la flûte y était fort pratiqué.
Dès son enfance, le poète baigna dans une atmosphère poétique intense, et il côtoya deux poétesses thébaines remarquables, dont la renommée avait largement dépassé les cadres étroits de leur cité. Et, très vite, il devint leur disciple.
Corinne était la plus prestigieuse des deux lyriques : à l'instar de Sappho, elle avait ouvert une école de poésie si fameuse que sa cité lui érigea plus tard une statue.
C'est elle qui aurait incité Pindare à introduire des thèmes mythiques dans ses poésies, lui conseillant de jeter ses poèmes « à pleines mains et non à pleins sacs ».

Devenu très tôt un poète officiel et honoré, surchargé de commandes, il fut de son vivant une figure de légende, considéré comme l'égal des souverains : on prétend même que le roi de Cyrène Arcésilas, qu'il chanta dans sa VIIIème Pythique, et auquel il prodigua des conseils, l'accueillit à sa cour comme un prince.
Il eut même l'honneur de voir gravé en lettres d'or, à l'intérieur du temple d'Athéna à Lindos, le texte de sa VIIème Olympique.
Après sa mort, en 438, son nom continua d'être honoré par tous les Grecs. Même quand Thèbes, sa ville natale, fut prise et incendiée, d'abord par les Lacédémoniens, puis plus tard par les Macédoniens d'Alexandre le Grand, on prit grand soin d'épargner du saccage la maison du poète.


Citations de Pindare

C'est de la nature que nous vient tout ce qui est parfait.
Olympiques, IX

Si la vieillesse est louable dans la liqueur de Bacchus, la nouveauté prêta toujours des charmes aux accents de la poésie.
Olympiques, IX

Les Grâces seules donnent la beauté, de même que les dieux distribuent aux mortels la force et la sagesse.
Olympiques, IX

La poussière du tombeau ne déshérite point les enfants de la gloire de leurs enfants.
Olympiques, VIII

La gloire des vivants rejaillit sur ceux qui ne sont plus.
Olympiques, VIII

La prospérité et la gloire font aisément oublier à l'homme la mort.
Olympiques, VIII

Tout précepte qui n'est pas fondé sur l'expérience est inutile et vain.
Olympiques, VIII

Instruire est chose facile pour un maître habile; mais enseigner sans avoir la connaissance de son art est la plus grande des folies.
Olympiques, VIII

Jamais on ne peut plaire également aux mortels.
Olympiques, VIII

Les mêmes biens ne sont pas réservés à tous les hommes, et les dieux dans leur bonté ont ouvert mille chemins pour aller au bonheur.
Olympiques, VIII

L'homme habile a d'autant plus de talent qu'il n'a pas recours à de vains artifices.
Olympiques, VII

Le respect que les hommes ont pour la volonté des dieux est le garant de leurs vertus et de leur bonheur.
Olympiques, VII

Pourquoi faut-il qui l'erreur assiège sans cesse le cœur des faibles mortels ! Et quel est celui qui, parvenu au terme de sa carrière, peut se glorifier de s'être toujours arrêté au parti le plus avantageux ?
Olympiques, VII

Qu'heureux sont les mortels dont la renommée publie au loin la gloire!
Olympiques, VII

Quiconque s'honore de la vertu mérite de briller aux yeux des mortels.
Olympiques, VI


 


Pindare
Les Olympiques


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