Aristophane - (-445 à -385)



Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort vers -385. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.
Au tournant du Ve et du IVe siècle, alors qu'Athènes voit éclore des modes de pensée nouveaux dans tous les domaines, et que les mœurs politiques et sociales se transforment ou se dégradent, Aristophane cloue au pilori par de grands éclats de rire les politiciens démagogues et va-t-en-guerre, les citoyens en proie à une « judicardite » aiguë, cette pernicieuse manie des procès, ou les maîtres d'incivisme et de décadence.


Biographie

Aristophane naquit vers -445, à l'époque où débuta la construction du Parthénon ; il était le fils de Philippos, du dème de Cydathénéon, de la tribu Pandionis : il était Athénien de naissance, comme le confirme une liste de prytanes de cette tribu où figure le nom du poète qui occupa cette charge vers la fin de sa vie ; il semble que ses parents aient été clérouques à Égine vers -430. Il débuta très jeune au théâtre, alors qu'il n'était pas encore un éphèbe, c'est-à-dire sans avoir atteint l'âge de dix-huit ans, et il se fit connaître par deux pièces aujourd'hui perdues : Les Détaliens (-427) et les Babyloniens (-426).
Ces deux pièces, ainsi que Les Acharniens, furent représentées sous des prête-noms, car Aristophane, qui s'était lancé dans la satire politique la plus virulente, n'ignorait pas qu'il risquait un retour de bâton ; malgré cette mesure de prudence, Les Babyloniens, joués aux Grandes Dionysies, valurent peut-être à Aristophane la menace d'un procès devant le Conseil des Cinq-Cents, mais les faits, rapportés dans certaines scholies, ne sont pas attestés.
Les Acharniens, joués sous le nom d'un acteur, Callistratos, furent couronnés de succès aux Lénéennes en -425 avec le premier prix. L'année suivante, Aristophane obtint de nouveau le premier prix aux Lénéennes avec Les Cavaliers, pièce dans laquelle il décochait les traits de sa verve la plus acérée contre le démagogue Cléon ; celui-ci le menaça de le traîner devant les tribunaux.
Il est vraisemblable que pour éviter une condamnation, Aristophane dut promettre de modérer ses attaques contre Cléon  ; un passage des Guêpes le donne à penser (1284 à 1291). Cléon retira sa plainte. Aux Grandes Dionysies de -423, le poète essuya un échec avec Les Nuées. Sa carrière dramatique semble s'être poursuivie sans encombres durant les années suivantes est inconnue.


Aristophane chez Platon

Platon a intégré Aristophane dans le groupe des participants au Banquet, son ouvrage sur l'amour. Nul doute quant au fait que Platon désigne par Aristophane son contemporain, auteur de théâtre, dont la thèse sur l'amour se résume, comme de juste pour un auteur de théâtre, non pas à un discours, mais à une fable sur l'origine des hommes. Aristophane s'appuie précisément sur une fable car, contrairement aux philosophes, il ne prétend pas expliquer, mais par une analogie, s'attache à donner une image saisissante de l'Amour. Il est par ailleurs remarquable qu'Aristophane, qui stigmatise la banalisation des pratiques homosexuelles dans la société athénienne soit justement utilisé par Platon pour la narration d'une fable qui présente l'homosexualité comme une inclination légitime.


Œuvres

Bien qu’Aristophane ait écrit 44 pièces, selon les érudits alexandrins, (35 pièces originales, plus cinq reprises de ses propres pièces et quatre d’attribution douteuse, on ne possède pas l'intégralité de son œuvre dramatique : la plupart de ses comédies sont connues seulement par des fragments ou sont perdues ; seules onze sont parvenues :

    - les Acharniens (425) et la Paix (-421) : où l'auteur intervient franchement dans la politique et combat le parti de la guerre ;
    - Les Cavaliers (-424) : il attaque ouvertement Cléon, le tout-puissant démagogue ;
    - Les Nuées (-423) : il raille Socrate ;
    - Les Guêpes (-422) : il tourne en dérision l'organisation des tribunaux athéniens et les manies des juges ;
    - Les Oiseaux (-414) : il s'en prend aux utopies politiques et sociales, comme plus tard dans Lysistrata (-411) et dans l'Assemblée des femmes (-392) ;
    - Les Thesmophories (411) et les Grenouilles (-405) : satires littéraires dirigées contre les finasseries d’Euripide.

La hardiesse des poètes comiques, le retour au pouvoir du parti aristocratique, et les malheurs d'Athènes, ont amené une réaction contre la liberté du théâtre. Cette réaction se dessine dès -412 et sous les Trente : elle aboutit vers -388, semble-t-il, à une loi qui interdit formellement les attaques contre les personnes. C'est l'arrêt de mort de la comédie ancienne.
Aristophane tente des voies nouvelles : avec le Côcalos (pièce perdue) et la seconde édition du Ploutos -388, il inaugure la satire des mœurs, d'où va sortir la comédie nouvelle des Athéniens. À part le Ploutos et les pièces contre Euripide, les comédies d'Aristophane sont des satires sociales ou des pamphlets politiques. Attaché à la cause des petits propriétaires campagnards et des paysans appauvris par la prolongation de la guerre, victimes impuissantes des hommes d'affaires et des intrigants de la ville, le poète se sert largement des libertés que lui laisse l'état démocratique pour attaquer non les vices inhérents aux institutions d'Athènes, mais l'état actuel du régime et les chefs de file de la classe politique, notamment dans Les Cavaliers. Les pièces d'Aristophane se révèlent ainsi très précieuses pour la connaissance de l'histoire du temps, des institutions et des mœurs athéniennes à la fin du Ve siècle av. J.-C.

À la Renaissance, les pièces d'Aristophane font partie des œuvres recommandées par Érasme pour une bonne éducation humaniste. La première pièce d'Aristophane traduite en latin est le Ploutos, dans la traduction de Leonardo Bruni.

 


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