Pindare (-518 à -438)

Traduction de Faustin Colin (1841)

OLYMPIQUE III



A THÉRON.

Strophe 1. — Puissent les Tyndarides hospitaliers, puisse Hélène à la belle chevelure accueillir cet hymne où je célèbre l'illustre Agrigente, où s'élève un monument à la victoire olympique de Théron, à la gloire de ses infatigables coursiers ! Aussi bien une muse, dans la voie (46) nouvelle que j'ai découverte, m'assiste pour adapter au rythme (47) dorien ce chant

Antistrophe 1 — De triomphe. Car des chevelures où les couronnes s'entrelacent m'imposent aujourd'hui le devoir sacré de marier dignement aux sons variés de la lyre, les accords des (lûtes et la cadence des vers, en l'honneur du fils d'Énésidème (48); Pise aussi m'ordonne de chanter, Pise d'où partent les poèmes divins à la gloire du vainqueur;

Épode 1. — Lorsque fidèle aux antiques prescriptions d'Hercule (49), l'Étolien (50) impartial a orné son front et ses cheveux de l'olivier à la pâle verdure. Autrefois, des sources ombreuses de l'Ister (51), le fils d'Amphytrion apporta l'olivier, pour qu'il devint le plus beau souvenir des luttes olympiques,

Str. 2. — Après avoir persuadé le peuple hyperboréen, adorateur d'Apollon. Dans sa haute sagesse, il lui demanda, pour la vaste enceinte de Jupiter, un arbre qui pût à la fois donner de l'ombre aux spectateurs et des couronnes à la vertu. Déjà il avait consacré des autels à son père (52); au milieu du mois, la lune (53) au char d'or avait fait briller de tout son éclat l'œil du soir,

Ant. 2. — Et annoncé le saint jugement des grandes luttes, les joutes quinquennales sur les rives divines de l'Alphée. Mais aucun arbre ne déployait encore son riche feuillage dans les vallées du cronien Pélops. Ce beau lieu lui parut exposé nu aux rayons d'un soleil ardent. Alors son cœur le pressa d'aller dans la terre

Èp. 2. — D'Istrie (54) où l'intrépide (55) fille de Latone l'avait accueilli, comme il quittait les collines et les vallons sinueux de l'Arcadie; car les ordres d'Eurysthée (56) et l'inflexible volonté d'un père, lui avaient enjoint de ramener un biche aux cornes d'or, que Taygète (57) avait jadis consacrée à Orthosie (58).

Str. 3. — En la poursuivant, il découvrit aussi une terre (59) abritée du souffle glacé de Borée. C'est là qu'il s'arrêta pour admirer ces arbres. Plus tard il éprouva la douce envie d'en enclore la carrière que parcourent douze fois les coursiers. Aujourd'hui même, dieu propice, il assiste à cette fête (60) avec les jumeaux immortels, fils de Léda aux mamelles puissantes.

Ant. 3. — C'est à eux qu'en partant pour l'Olympe, il a confié la direction des luttes magnifiques où concourent la vigueur des nommes et l'impétuosité des chars. Mon cœur est donc impatient de proclamer la victoire accordée aux Emménides et à Théron par les Tyndarides, nobles cavaliers, que personne n'a fêté plus souvent par des banquets hospitaliers,

Ép. 3. — Et par une exactitude pieuse à observer le culte des immortels. Que si l'eau est chose excellente, et l'or le plus précieux des biens, aujourd'hui Théron, parvenu au premier rang, doit aux vertus de sa race de toucher les colonnes d'Hercule. Ce qui est au delà échappe aux sages et aux insensés. Je (61) ne le poursuivrai point : ce serait folie.

(45) Olympique III, fin de la 1e str.

(46) Allusion à la découverte de l'olivier décrite dans cette ode

(47) Mesure marquée avec le pied ; les Grecs disaient battre le, rhythme, comme nous disons battre la mesure. Au mode dorien répondait un rhythme dorien.

(48) Théron.

(49) Fondateur des jeux olympiques.

(50) Étolien est synonyme ici d'Éléen. Oxyle Êtolien guida l'invasion des Héraclides dans le Péloponnése, et obtint l'Élide en partage.

(51) L'Ister sortait des monts Riphées, situés, ainsi que le pays des Hyperboréens, près des colonnes d'Hercule, d'après les recherches de J. H. Vossius, approuvées par Bœck.

(52) Allusion aux sacrifices qui précédaient les jeux

(53) Les jeux se célébraient pendant la pleine lune qui suivait immédiatement le solstice d'été. La pleine lune partage le mois lunaire en deux parties égales.

(54) Le Grec dit qui presse les coursiers.

(55) Chez les Hyperboréens, aux sources de l'Ister» près des colonnes d'Hercule.

(56)  Ce travail avait été imposé à Hercule avant la défaite d'Augias, et l'établissement des jeux olympiques. Il s'agit donc d'un deuxième voyage en Istrie.

(57) Fille d'Atlas, et mère de Lacédémone et d'Eurotas.

(58) Surnom de Diane

(59) L'Istrie.

(60) La féte des Dioscures célébrée dans Agrigente.

(61) Tournure habile au lieu de : Tu serais téméraire, Théron, si...


 


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