Oh ! qu’il est insensé, l’intérêt des mortels ! L’un exploitait les lois, l’autre les aphorismes, qui projetait un vol, qui lançait une affaire, à cet instant où moi, libre de tous ces soins, Sitôt que chacun d’eux avait repris sa place Et j’entendis, du sein de la même splendeur, « Comme je réfléchis ses rayons en moi-même, Tu doutes ; tu voudrais qu’on expliquât pour toi quand je disais tantôt « que l’on engraisse bien » La haute Providence, administrant le monde pour que se dirigeât vers l’Époux bien-aimé avec son sang béni, dans des cris de douleur, L’un d’eux fut d’une ardeur tout à fait séraphique ; Je dirai de l’un seul, car en parlant de lui, Entre l’eau qui descend du mont qu’avait choisi d’où la chaleur descend, ou le froid, empruntant Et c’est sur cette côte, à l’endroit où la pente aussi, voulant parler de l’endroit que je dis, Il n’était pas encor bien loin de son lever, car, tout jeune, il faisait à son père la guerre jusqu’au point qu’il voulut l’épouser à la fin, Pour elle, veuve encor de son premier Époux (131), C’est en vain qu’on a su qu’elle fut impassible c’est en vain qu’elle fut courageuse et constante Comme je ne veux pas procéder par énigmes, Leurs visages joyeux, leur bonne intelligence, tellement que Bernard le vénérable ôta Ô richesse inconnue, ô féconde bonté ! Lui, le père et le maître, il s’en fut par la suite Le signe d’un coeur vil ne marquait pas son front, mais souverainement ayant fait l’exposé Tous les jours s’augmentait une foule de pauvres Honorius, au nom de l’Esprit éternel, Et lorsque, stimulé par la soif du martyre, et qu’ayant rencontré cette gent trop rétive sur un âpre rocher entre l’Âme et le Tibre Quand il plut à Celui qui l’avait distingué à ses frères, qui sont ses droits héritiers, et puis de son giron cette âme radieuse Tu vois, par lui, quel fut cet autre (140) qui l’aida Et ce fut ce dernier qui fut mon patriarche ; Son troupeau, cependant, de nouvelles pâtures et plus de ce troupeau les brebis vagabondent, II en existe encor qui, craignant le danger, Ores, si mes propos ne sont pas trop fumeux, tu dois voir tes désirs satisfaits en partie ; « Que l’on engraisse bien, à moins qu’on ne s’égare. »
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126 - Ce sont les deux passages du premier discours de saint Thomas, que nous venons de signaler, et que Dante voudrait se faire expliquer maintenant. Saint Thomas répondra d’abord, le long de tout ce chant, à la première question. 127 - pour que l’Église, épouse du Christ, suive mieux la route du Seigneur. 128 - Le premier est saint François et le second, saint Dominique. C’est saint Thomas, qui avait été dominicain, qui fera l’éloge du premier ; plus loin, ce sera saint Bonaventure, franciscain, qui prononcera celui de saint Dominique. Cependant, à la fin de ces deux éloges, on fait la critique de la décadence monastique et des moeurs corrompues des moines : et c’est alors son propre ordre que chacun des orateurs critiquera, par souci de délicatesse sans doute. 129 - La colline d’Assise, assise entre le Topino et le Chiascio : cette dernière rivière prend sa naissance dans la montagne de Gubbio, où saint Ubald Baldassini fut évêque de 1129 à 1160. Les villes citées plus loin entourent Assise ; mais il n’est pas clair si l’on doit entendre par « joug » la position de Gualdo et de Nocera au milieu de montagnes inhospitalières, ou leur situation politique. 130 - Ainsi qu’il est expliqué plus loin, cette dame que François aima tant s’appelait Pauvreté. 131 - Jésus-Christ. 132 - Amyclas, pauvre pêcheur dont parlait Lucain, dormait tranquillement, la porte ouverte, durant les guerres civiles, et n’ayant rien à perdre, il ne se troubla nullement lorsqu’il vit César entrer à l’improviste dans sa cabane. 133 - Parce que le Christ est sorti nu de ce monde ; peut-être aussi parce que la pauvreté, en tant que vertu recherchée et souhaitée, avait disparu avec lui. 134 - Ce sont là les premiers disciples de saint François : Bernard de Quintavalle, qui donna tous ses biens pauvres en 1209 ; Gilles, qui mourut en 1273 ; Sylvestre prêtre à Assise, qui se distingua d’abord par son amour de l’argent, mais qui se repentit par la suite et suivit les pas du saint. 135 - Pierre Bernardoni, son père, était simple marchand 136 - Ou, pour mieux dire, la première approbation, fut que verbale, et qui date de 1210. 137 - La seconde approbation de la règle franciscaine fut accordée en 1223 par le pape Honorius III. 138 - Pendant une mission qu’il accomplit en 1219. 139 - Les stigmates de saint François apparurent pendant son séjour sur le Mont-Verna, en 1224. 140 - Saint Dominique.
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Dante
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