Regardant en son Fils avec ce même amour avec tant d’ordre a fait tout ce que l’on conçoit Lève donc, ô lecteur, ton regard avec moi et deviens amoureux de cette omniscience Vois comme c’est de là que vient se séparer et si leur route ici n’était pas inclinée, ou si l’écart était plus ou moins important Garde ta place au banc, ô lecteur, méditant Voici ton aliment : sers-toi seul désormais, Le premier serviteur de toute la nature, se trouvait sous le signe indiqué tout à l’heure Je m’y trouvais déjà (112), mais sans me rendre compte Béatrice, en effet, conduit du bien au mieux Comme devaient-ils être étincelants eux-mêmes, J’invoquerais en vain art, métier ou génie, Ce n’est pas étonnant, si notre fantaisie Telle restait là-haut la quatrième famille Béatrice se prit à me dire : « Rends grâces, Jamais un coeur mortel ne fut mieux préparé, que je l’étais alors, au son de ces paroles, Mais cela ne dut pas lui déplaire ; elle en rit, J’aperçus des lueurs vives et pénétrantes C’est ainsi que parfois, quand l’air est plus épais, Au ciel, dans cette cour dont je suis revenu, le chant de ces clartés en est un des plus beaux : Lorsqu’en chantant ainsi ces soleils embrasés je crus voir s’arrêter une ronde de dames, Et de l’un de ces feux j’entendis qu’on disait : en toi se multiplie et resplendit si fort, Qui te refuserait de sa gourde le vin Tu voudrais bien savoir de quelles plantes s’orne Je fus l’un des agneaux de ce troupeau sacré Celui qui, sur ma droite, est mon proche voisin Et si tu veux savoir qui sont aussi les autres, Ce beau pétillement sort de l’heureux sourire Le suivant, qui plus loin embellit notre choeur, La cinquième clarté, parmi nous la plus belle, dans son intérieur est cette intelligence À ses côtés se tient l’éclat de ce flambeau Et dans l’autre splendeur qui sourit près de lui Or, si de ton esprit le regard est venu C’est là qu’en contemplant le suprême bonheur quant au corps dont l’esprit a dû se séparer, Au-delà, tu peux voir briller le souffle ardent Celui d’où ton regard s’en retourne vers moi C’est l’éclat éternel de Siger (124), qui jadis, Puis, pareille à l’horloge appelant les fidèles en sorte qu’un rouage entraîne et presse l’autre, je sentis s’ébranler la ronde glorieuse qu’au seul endroit où dure à tout jamais la joie.
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110 - Le cercle zodiacal ou écliptique. 111 - C’est le croisement des deux plans inclinés de l’équateur et de l’écliptique qui produit les saisons et qui, selon la doctrine de Dante, préside à la distribution graduelle des influences célestes : si les deux cercles étaient parallèles, les influences seraient partout et toujours les mêmes. 112 - Béatrice et Dante sont arrivés au ciel du Soleil, le Quatrième, où font leur demeure les âmes des sages. 113 - Les beautés que l’on peut contempler au ciel peuvent être exprimées dans le langage des mortels en sorte qu’on ne peut pas les « sortir » pour les décrire et les rendre compréhensibles aux autres. 114 - En d’autres termes : « J’appartins à l’ordre de saint Dominique. » C’est saint Thomas d’Aquin qui parle ; et le sens de ce dernier vers se trouvera largement expliqué plus loin. Saint Thomas d’Aquin (1226- 1274), dominicain depuis 1243, sanctifié en 1323, fut élève d’Albert le Grand et professeur de théologie à Cologne, à Paris et à Naples. Ses ouvrages, dont les plus importants sont le commentaire d’Aristote, La Somme théologique et La Somme contre les Gentils, forment une encyclopédie du savoir théologique dont Dante a tiré profit assez souvent. 115 - Albert le Grand (1193-1280), dominicain en 1222, fut professeur aux universités de Cologne et de Paris, et l’un des philosophes les plus estimés de son temps, appelé aussi Docteur universel. 116 - Francesco Graziano, bénédictin, vécut vers le milieu du XIIe siècle et compila le célèbre recueil de droit canon connu sous le nom de Décret de Gratien. 117 - Pierre Lombard ( ? -1164), maître de théologie à Paris, auteur des Sentences, qui furent le premier essai d’encyclopédie dogmatique. « La pauvre » est celle de la parabole (Luc XXI : 1) qui donna à Dieu le peu qu’elle avait et dont le don fut mieux reçu que ceux des riches qui donnaient de leur superflu ; cette parabole était rappelée par Lombard lui-même, dans le prologue de ses Sentences. 118 - C’est Salomon. On était désireux d’avoir de ses nouvelles peutêtre parce que l’on discutait parmi les théologiens pour savoir s’il avait été admis au Paradis, malgré sa luxure. 119 - Ce vers se trouvera largement commenté plus loin. 120 - Saint Denys l’Aréopagite, que l’on tenait à tort pour auteur d’un traité De caelesti hierarchia ; c’est le livre que cite ici, et qui sera mis à contribution aux chants et XXIX, consacrés aux ordres et aux offices des anges. 121 - Cet écrivain des premiers temps chrétiens n’a pas été identifié de façon certaine. Pour les uns, il s’agit de Paul Orose, écrivain du Ve siècle, qui écrivit ses Histoires contre les Païens, à la demande de saint Augustin. Mais cette circonstance ne coïncide pas exactement avec l’indication du texte de Dante ; en sorte que d’autres pensent qu’il s’agit de saint Ambroise, de Lactance ou de saint Paulin de Nola. 122 - Boèce (470?-525), moraliste, auteur d’un traité De la Consolation philosophique ; il mourut en prison et fut enterré à Pavie, dans l’église de San Pietro in Ciel d’Oro ou Cieldauro. 123 - Isidore de Séville (5607-6367), auteur encyclopédique très estimé durant le Moyen Age ; Bède le Vénérable (674-735), auteur d’ouvrages historiques et philosophiques ; Richard de Saint-Victor ( ? - 1173?), théologien, nommé parfois le Grand Contemplateur. 124 - Siger de Brabant (1226?-12847), professeur de philosophie à Paris, rue du Fouarre, où avaient lieu certains cours de philosophie de l’Université. Ses propositions philosophiques furent condamnées en 1277 par l’évêque de Paris. Il alla se défendre devant la Curie, et en fut absous mais tenu sous surveillance, et finit assassiné à Orvieto. Nombre de ses propositions sentaient l’hérésie averroïste ; mais il déclara accepter par la foi ce qu’il ne pouvait affirmer par le moyen de la philosophie, et il semble que ce fut ce qui le sauva.
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Dante
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