« Notre Père qui es au royaume des cieux, que ton nom soit loué partout, et ta puissance, Que descende entre nous la paix de ton royaume, et tout comme là-haut les anges te dédient Donne-nous aujourd’hui et tous les jours la manne Comme nous pardonnons aux autres tout le mal Veuille ne pas tenter notre frêle vertu, Ô Seigneur bien-aimé, le dernier de ces voeux Ces ombres, récitant ainsi leurs oraisons, parfois ; et, châtiés de façon inégale, Et si l’on sait si bien prier pour nous chez eux, Il nous faut les aider à laver les stigmates « Que justice et pitié puissent vous alléger, mais dites-moi, par où gagne-t-on l’escalier Car comme celui-ci, qui m’accompagne, porte Ce qui fut dit par eux, pour répondre au discours mais on nous dit : « À droite, en suivant le rebord, Et si je n’étais pas empêché par la roche j’aimerais bien savoir si je peux reconnaître Moi, je suis d’Italie, et fils d’un grand Toscan (106) ; Pourtant, le noble sang et les oeuvres illustres je méprisai si fort tous les êtres humains, Moi, je m’appelle Humbert. La superbe a perdu C’est pour cette raison que je porte aujourd’hui J’avais baissé les yeux, pour pouvoir l’écouter ; me vit, me reconnut et voulut m’appeler, « Oh ! dis-je, n’es-tu pas l’illustre Oderisi, « Frère, répondit-il, les feuillets que colore Mais, naturellement, je n’aurais su l’admettre C’est ici que l’on sent l’effet de cet orgueil ; Ô des rêves humains vanité glorieuse ! Cimabué semblait sans rival en peinture, Un nouveau Guide aussi vient d’enlever à l’autre La gloire de là-bas n’est qu’un faible soupir Ton renom sera-t-il plus grand d’ici mille ans, que dodo et papa ? Car mille ans sont bien moins, Celui que tu peux voir cheminer devant moi dont il était seigneur lorsque fut abattu Oui, votre renommée a la couleur de l’herbe, Je dis : « Ton bon discours a semé dans mon coeur « C’est, me répondit-il, Provenzal Salvani. C’est pour l’avoir pensé qu’il n’a plus de repos « Mais, dis-je, si l’esprit qui pour se repentir (à moins de l’en sortir par de bonnes prières) « C’est que, lorsqu’il était au comble de sa gloire, et là, pour délivrer un ami des tourments Je ne t’en dis pas plus. Mon parler est obscur ; ce fut ce geste-là qui lui ouvrit nos portes. »
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107 - Il marchait courbé, non seulement pour mieux voir et entendre, mais aussi pour se plier lui-même à la règle de pénitence, et pour se punir de son orgueil. 108 - Oderisi de Gubbio était un miniaturiste, mort probablement en 1299. De ses oeuvres on ne connaît que deux missels à miniatures. 109 - Franco Bolognese était contemporain d’Oderisi. Vasari, qui parle des deux, le considère bien supérieur ; mais il se peut qu’il se soit laissé influencer, dans son jugement, par la modestie tardive d’Oderisi, dans le poème de Dante. 110 - Giovanni Cimabue (1240-1302 ?) fut l’un des premiers à orienter la peinture occidentale sur des chemins différents de la typologie byzantine. Très admiré de son vivant, a gloire fut obscurcie par la réputation de Giotto di Bondone (1266 ?-1337) : ce peintre, le plus illustre de son siècle, fut ami de Dante et auteur de son seul portrait authentique. 111 - Guido Guinzelli (1230-1276), dont il sera question plus loin (cf. la note 292), avait été supplanté, dans la mémoire des contemporains de Dante, par la gloire plus sûre de Guido Cavalcanti, ami du poète, dont il a déjà été question (cf. Enfer, note 89). 112 - Les commentateurs admettent d’une façon assez unanime que Dante pense à lui, en écrivant ceci : c’est sa propre gloire qui fera bientôt obscurcir celle des deux Guido qu’il vient de mentionner. Cette interprétation repose sur des bases bien frêles. Dante n’a fait jusqu’à présent queparler de l’oubli qui guette les artistes des générations précédentes, lorsqu’un autre artiste de la même catégorie le remplace dans la conscience du public. Franco Bolognese était très probablement plus jeune qu’Oderisi ; Giotto était né environ vingt-cinq ans après Cimabue ; et Guido Cavalcanti avait quelque vingt-cinq ans de moins que Guinizelli. Il est donc évident que Dante pense à un jeu naturel des générations qui se suivent et se remplacent. S’il en est ainsi, il n’aurait su se proposer lui– même comme remplaçant de Cavalcanti, qui était son contemporain et son ami. Ce qu’il veut dire, c’est que ce même jeu auquel il se réfère permet de supposer qu’en 1300 le remplaçant de Cavalcanti était déjà né, même s’il ne s’était pas produit encore. Ceci, sans tenir compte du fait que la preuve d’orgueil qu’on lui attribue, injustement à notre sens, se Place juste au moment où il devrait se repentir de son orgueil et faire preuve d’humilité. 113 - Provenzan Salvani, chef des Gibelins de Sienne après la victoire de Montaperti, et bientôt chef de tous les Gibelins de Toscane, fut fait prisonnier et décapité par les fl0rentins, dans la bataille de Valdelsa, en 1269. Il voulut devenir seigneur de Sienne, sans aucun droit, si ce n’est celui que lui conférait la force de son parti : c’est là le reproche que lui fait Dante. 114 - La grande place de la ville de Sienne. 115 - Mino dei Mini, fait prisonnier par Charles Ier d’Anjou, dans la bataille de Tagliacozzo. On demanda 10 000 florins pour son rachat. « La nouvelle en vint à messire Provenzano, et craignant pour son ami, il fit mettre une table couverte d’un tapis dans la place de Sienne, et assis là, il demandait modestement aux Siennois de l’aider dans ce besoin avec un peu d’argent, sans y obliger personne, mais demandant humblement leur concours ; et les Siennois, voyant leur seigneur, qui d’habitude était très altier, les solliciter si doucement, s’en sentirent émus, et chacun l’y aida selon son pouvoir. » (Jacopo dellia Lana.) 116 - Tes concitoyens, les Florentins, en confisquant tes biens et en te bannissant de ta ville, t’obligeront de même à solliciter l’aide des autres : c’est alors que tu sauras ce que c’est que frissonner d’angoisse.
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Dante
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