Si j’ai su quelquefois dans mes vers séducteurs
Instruire à tes larcins la timide ignorance ;
Si j’ai chanté la crainte et la douce espérance,
Tes combats, tes plaisirs, et tes soins enchanteurs
;
Si dans tes jours sacrés, aux autels de ta mère
J’ai porté, jeune encor, mon encens et mes vœux,
Et couronné tes beaux cheveux
De la guirlande qui t’est chère :
Amour,
saisis ton arc, à tes pieds détendu ;
Descends du mont éryx ; abandonne Cythère ;
Viens, vole : je t’attends. Va dire à ma bergère
Que ce jour doit me rendre à son cœur
éperdu.
Tu pares même une infidèle
Aux yeux d’un amant irrité :
Amour, donne à ses traits une grâce nouvelle,
À tous ses mouvements un air de volupté ;
De ton haleine
pure, ou du vent de ton aile,
Rafraîchis cet éclat dont brille sa beauté ;
D’un regard languissant, d’un séduisant caprice,
D’un refus enchanteur montre-lui le pouvoir ;
Dis ce qu’on
peut donner, ce qu’il faut qu’on ravisse,
Ce que tu veux qu’on cache, ou qu’on laisse entrevoir.
D’une aimable rougeur que son front s’embellisse,
Et que je croie encor surmonter son devoir.
Vois-tu la vigne tortueuse
Embrasser les ormeaux et ramper autour d’eux ?
Que plus tendre, ce soir, ou plus voluptueuse,
Catilie, à l’instant qui nous joindra tous deux,
M’enlace de ses bras, m’entoure
de leurs nœuds,
Et que sa dent légère, en redoublant mes feux,
Imprime sur ma bouche une marque amoureuse.