Deux fois, j’ai pressé votre sein, Et vous m’avez, deux fois, repoussé sans colère. Vous avez rougi du larcin : Ne fait-on que rougir, lorsqu’il a pu déplaire ? Ah ! c’est assez
: oui, je lis dans vos yeux, Et ma victoire et votre trouble extrême. Mortel, à vos genoux, je suis égal aux Dieux. Vous m’aimez, je le vois, autant que je vous aime ; Mais de vos bras laissez-moi m’arracher
: Il n’est pas temps de combler mon ivresse. Unis trop tôt, nos cœurs, ô ma belle maîtresse, De leurs liens encor pourraient se détacher. Faites que mon amour dure autant que ma vie. Laissez-moi
par des soins acheter vos faveurs ; N’écoutez ni soupirs, ni prières, ni pleurs ; Combattez ma plus chère envie ; À mon désespoir même opposez des rigueurs. Les longs hivers font
les printemps durables ; Les noirs frimas épurent les beaux jours ; Et l’amant, asservi sous vos lois adorables, Doit espérer long-temps pour vous aimer toujours.