« Deux, venerunt gentes » (342), commencèrent les dames, Béatrice, pieuse et soupirant aussi, Sitôt le chant fini, dès que les autres vierges « Modicum et non videbitis me ; Ensuite elle les mit toutes sept devant elle Elle se mit en marche ; et je ne pense pas et, pleine de douceur : « Viens plus vite ! dit-elle ; Lorsque je fus près d’elle, ainsi qu’il convenait, Je me sentis alors comme ceux qui se trouvent et, trop intimidé, je lui dis d’une voix Elle me dit : « Je veux que désormais tes craintes Il fut, mais il n’est plus, ce char que le dragon Il ne restera pas toujours sans héritier, car je vois clairement (c’est pourquoi je l’annonce) où Cinq Cent Dix et Cinq, envoyé sur la terre Sans doute, mon récit te semble plus obscur mais les événements seront les Laïades (347) Toi, retiens tout ceci ; telles que je les dis, Quand tu raconteras ceci, rappelle-toi, Quiconque le dépouille ou lui fait du dégât Et pour l’avoir touché, la première des âmes Et ton esprit s’endort, s’il ne veut pas comprendre Et si de vains pensers n’avaient été pour toi rien qu’à considérer toutes ces circonstances Je remarque pourtant que ton intelligence Il te le faut porter en toi, sinon écrit, Je dis : « Comme la cire où l’on a mis le sceau Mais pourquoi vos propos longuement désirés « Pour mieux te rappeler, dit-elle, cette école que tu saches aussi que du chemin de Dieu Je répondis alors : « Je ne me souviens pas « Mais si tu ne peux pas en avoir souvenir, et si par la fumée on devine le feu, Dorénavant, pourtant, je n’envelopperai Cependant, plus brillant, d’une marche plus lente, quand, comme un éclaireur qui va devant la troupe s’arrêtèrent au bord d’une petite ombrée, Au-devant j’ai cru voir le Tigre avec l’Euphrate « Ô toi, gloire et splendeur de notre race humaine, J’obtins comme réponse à cette question : la belle dame dit : « Il s’était fait déjà « Peut-être un soin plus grand, répondit Béatrice, Mais voici l’Eunoé, qui coule par là-bas : Et comme un coeur bien né qui, sans chercher d’excuse, telle la belle dame, ayant saisi ma main, Lecteur, si je pouvais disposer de l’espace, Mais puisque les feuillets que j’avais consacrés Ensuite je revins de cette onde sacrée, pur enfin, et tout prêt à monter aux étoiles.
--- ↑ haut ↑ -------------------------------------------- ↑ haut ↑ ---
343 - « Un peu de temps encore, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez à nouveau. » Ces paroles, par lesquelles le Christ annonçait sa mort à ses disciples, sont interprétées par Dante dans le sens d’une prochaine résurrection de l’Église. 344 - Selon les anciens commentateurs (Jacopo della Lana), un usage ancien voulait que l’assassin qui dans les neuf premiers jours de son meurtre pouvait manger une soupe, une fois par jour, sur la tombe de sa victime, jouissait d’une prescription et ne pouvait plus faire l’objet de poursuites. Cette tradition est douteuse, mais elle avait probablement cours au temps de Dante. Cela veut dire, ici, que la vengeance de Dieu ne saurait tenir compte de prescriptions aussi ridicules, et que Dieu punira les coupables, tôt ou tard. 345 - Les commentateurs interprètent, de commun accord, l’Empire ne restera pas toujours vacant ; et ils ajoutent que Dante considérait l’Empire comme virtuellement vacant de 1250 à 1308, à cause de la ca– rence des empereurs. Cette explication est visiblement insuffisante, sans tenir compte du fait que ce passage est probablement postérieur à 1308 Mais Dante dit expressément que c’est Constantin, l’auteur de la donation, qui ne restera pas toujours sans héritier, cela veut dire qu’un jour viendra où un empereur se présentera comme héritier de Constantin, pour réclamer son héritage, ou du moins pour demander des comptes : et c’est bien là ce qu’il annonce dans les tercets suivants. 346 - Cette énigme dantesque rappelle à la fois le Lévrier qui, comme le personnage annoncé ici, sera l’homme prédestiné à rendre à l’Église corrompue son brillant d’autrefois, et l’Apocalypse, où 666 cachait le nom de Néron. Les commentateurs peuvent être distingués en deux grandes classes. Les uns prennent 515 comme une indication purement numérique, et par un calcul dont la base pourra paraître discutable, ajoutent ce chiffre à 800, an de la fondation de l’Empire par Charlemagne, et fixent à 1315 la date indiquée par Dante pour la grande révolution qu’il prônait ; mais il est extrêmement difficile d’imaginer que Dante se livrait à des prophéties aussi importantes, et pour des délais aussi rapprochés, au risque de rendre son poème ridicule, en cas d’insuccès. Les autres lisent 515 = DXV, et interprètent Dux, ou « chef », ce qui semble plus raisonnable et n’est pas sans exemple : Un ouvrage de Bartolomeo Zamberto, dit Sonnetti Isoîani et imprimé vers 1480, commence par une dédicace: 347 - Les fils de Laïus, qui, comme Oreste, fourniront la solution de l’énigme. Dante avait écrit Naïades, forme qui figure par erreur dans certains manuscrits anciens d’Ovide. 348 - L’Else, rivière de Toscane, a des propriétés pétrifiantes. Les vains pensers ont donc endurci l’esprit du poète ; ses plaisirs, d’autre part, il les paie de son sang, comme Pyrame la couleur du mûrier qu’il avait teint de son sang. 349 - Les deux fleuves étaient réputés avoir leur source au Paradis terrestre. 350 - L’Eunoé, déjà mentionné auparavant comme étant un bras du Léthé, a la vertu de conserver à l’âme le souvenir de ses bonnes actions.
|
Dante
|