Ne crains pas qu’à mes côtés Une autre affaisse ta couche, Ni que ma coupable bouche Caresse d’autres beautés. Tu me plais seule, ô mon âme. Oui ! j’en atteste les
Dieux, Ce Paris si glorieux, Après toi, n’a plus de femme Qui puisse tenter ma flamme, Et qui soit belle à mes yeux. La foule en tous lieux te presse, Et murmure autour de toi ; Chacun brigue
ta tendresse, Et veut me ravir ta foi : Plût au ciel que ma maîtresse Ne parût belle qu’à moi ! Pour moi seul ta tresse blonde Devrait parer ces trésors Qu’elle embrasse de
son onde. Déplais au reste du monde : Je serai tranquille alors. Eh ! que m’importe, ô ma vie ! Le vulgaire et ses discours ? Ai-je besoin qu’il m’envie Des plaisirs déjà
trop courts ? Que fait au bonheur suprême La gloire et son vain éclat ? Heureux l’amant délicat Qui le savoure en lui-même ! Dans un désert avec toi Mes jours couleraient paisibles
; Je dormirais sans effroi Sur des rocs inaccessibles. Eucharis dans mes ennuis Est le repos que j’implore ; Eucharis est mon aurore Dans la sombre horreur des nuits ; Même dans la solitude, Où,
libres d’inquiétude, Entre l’amour et l’étude Nous vivons seuls avec nous, Occupés du soin si doux De nous aimer, de nous plaire, Eucharis sur mes genoux Est pour moi toute la
terre.