Abjurant ma douce paresse, J'allais voyager avec toi ; Mais mon cœur reprend sa faiblesse ; Adieu ; tu partiras sans moi. Les baisers de ma jeune amante Ont dérangé tous mes projets. Ses yeux sont
plus beaux que jamais ; Sa douleur la rend plus touchante. Elle me serre entre ses bras, Des dieux implore la puissance, Pleure déjà mon inconstance, Se plaint et ne m'écoute pas. À ses reproches,
à ses charmes Mon cœur ne sait pas résister. Qui ! moi, je pourrais la quitter ! Moi, j'aurais vu couler ses larmes, Et je ne les essuierais pas ! Périssent les lointains climats Dont le nom
causa ses alarmes ! Et toi qui ne peux concevoir Ni les amants, ni leur ivresse ; Toi qui des pleurs d'une maîtresse N'as jamais connu le pouvoir, Pars ; mes vœux te suivront sans cesse. Mais crains d'oublier
ta sagesse Aux lieux que tu vas parcourir ; Et défends-toi d'une faiblesse Dont je ne veux jamais guérir.