Huit jours sont écoulés, depuis que dans ces plaines Un devoir importun a retenu mes pas. Croyez à ma douleur, mais ne l’éprouvez pas. Puissiez-vous de l’Amour ne point sentir les peines !
Le bonheur m’environne en ce riant séjour. De mes jeunes amis la bruyante allégresse Ne peut un seul moment distraire ma tristesse ; Et mon cœur aux plaisirs est fermé sans retour. Mêlant à leur gaîté ma voix plaintive et tendre, Je demande à la nuit, je redemande au jour Cet objet adoré qui ne peut plus m’entendre.
Loin de vous autrefois je supportais
l’ennui ; L’espoir me consolait : mon amour aujourd’hui Ne sait plus endurer les plus courtes absences. Tout ce qui n’est pas vous me devient odieux. Ah ! vous m’avez ôté toutes mes
jouissances ; J’ai perdu tous les goûts qui me rendaient heureux. Vous seule me restez, ô mon Éléonore ! Mais vous me suffirez, j’en atteste les dieux ; Et je n’ai rien perdu, si vous
m’aimez encore.