Si le destin permet que ce poème saint triomphe des haineux qui m’ont fermé la porte j’y rentrerai poète, avec une autre voix, car c’est à cet endroit que j’entrai dans la foi Ensuite une clarté se mit en mouvement Et ma dame me dit, resplendissant de joie : De même que parfois la colombe se pose de même j’ai vu là se faire un bon accueil Ces démonstrations une fois terminées, Béatrice lui dit, souriant de bonheur : fais que dans ces hauteurs on parle d’espérance : « Lève donc le regard et prends de l’assurance, Cet encouragement me vint du second feu : « Puisque notre Empereur, par sa grâce, t’octroie afin qu’ayant connu l’éclat de cette cour, dis-moi donc ce qu’elle est, et comment ton esprit Mais la dame pieuse, elle, qui dirigea « Elle n’a pas de fils plus riche en espérance, aussi l’a-t-on laissé venir depuis Égypte Quant aux deux autres points, qu’on ne demande pas je le laisse parler : il n’a point à combattre Le meilleur écolier répond à son docteur, que je dis : « L’espérance est l’attente certaine La lumière m’en vient de nombreuses étoiles ; Parmi ses chants sacrés, il dit aussi : « Qu’en toi Tu m’abreuvas toi-même, après ce doux breuvage, Pans le noyau vivant de ce grand incendie, Il me dit à la fin : « L’amour dont je m’embrase exige d’en parler avec toi, qui tant l’aimes : « Les Écritures, dis-je, anciennes et nouvelles, C’est ainsi qu’Isaïe avait dit que chacune Ton frère, d’autre part, nous a manifesté À peine avais-je dit ces dernières paroles, Un éclat s’alluma soudainement entre elles Comme se lève et va pour entrer dans la danse, telle je vis alors la splendeur éclatante Elle entra dans le chant ainsi que dans la ronde ; « Voici venir celui qui coucha sur le sein Ainsi parla ma dame ; et cependant ses yeux Pareil à qui prétend, en fixant le soleil, tel me fit devenir cette dernière flamme, Sur la terre, mon corps, avec celui des autres, Seules les deux clartés qui viennent de monter Au son de cette voix, la guirlande enflammée comme, pour éviter le risque ou la fatigue, Et quel trouble soudain s’empara de l’esprit, toujours aussi près d’elle, au séjour des heureux.
--- ↑ haut ↑ -------------------------------------------- ↑ haut ↑ ---
345 - C’est saint Jacques le Majeur, dont on vénérait le tombeau à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice. 346 - Devant moi. 347 - Saint Jacques parle, dans sa première épître, de la largesse qui règne au ciel, qu’il qualifie de palais royal : c’est dans ce dernier sens qu’il faut entendre le mot « basilique ». 348 - Allusion au groupe des trois apôtres, saint Pierre, saint Jacques et saint Jean, qui accompagnaient seuls le Christ au Mont des Oliviers, à la résurrection de la fille de Jaïre et surtout lors de la Transfiguration. Certains interprètes des Écritures indiquaient au poète le symbolisme que rappelle Béatrice. 349 - Dans Dieu, dans la contemplation de qui Béatrice lit tout ce qui est. 350 - Égypte symbolise ici le temps de l’exil, c’est-à-dire i. vie sur terre, tandis que Jérusalem est le salut, ou le paradis. 351 - David. La citation qui suit est tirée du Psaume IX. 352 - En réalité, le mot « espérance » n’est pas mentionné dans cette épître, mais l’idée n’en est pas moins présente. 353 - jusqu’à la palme du martyre et à la fin du combat pour la foi. 354 - « Dans leur pays ils en posséderont deux ; et ils seront éternellement heureux » (Isaïe LXI : 7). Ce double vêtement est la béatitude de l’âme, complétée, après le Jugement dernier, par la béatitude de la chair. 355 - Saint Jean, dans l’Apocalypse VII : 9, parle du bonheur des élus qui jouissent de l’aspect de Dieu, « habillés d’étoles blanches » . Saint Jean n’était pas frère de saint Jacques le Majeur, mais de l’autre apôtre du même nom ; mais Dante, avec beaucoup de contemporains, les confond et les considère comme une seule personne. 356 - Texte tiré du même psaume IX, cité plus haut. 357 - Comme en janvier le soleil se couche juste quand le signe du Cancer se lève. Si un astre aussi brillant que celui dont parle le poète accompagnait le Cancer à cette époque de l’année, le jour durerait vingtquatre heures sur vingt-quatre, puisque cet astre et le soleil se remplaceraient régulièrement. C’est une façon de dire que ce nouvel éclat, qui est celui de saint Jean l’Évangéliste, brillait comme le soleil. 358 - On représente saint Jean, au moment de la Cène penché sur le sein du Seigneur, appelé ici pélican, parce que, pour le Moyen Age, cet oiseau passait pour se déchirer lui-même pour donner la nourriture à ses petits, de même que le Christ consentit à se sacrifier pour sauver l’humanité. On sait que le Christ crucifié désigna saint Jean comme fils adoptif de sa Mère. 359 - Dante prétendait donc distinguer dans le noyau de lumière le corps de l’Apôtre, mais le corps « n’a pas lieu » au Paradis. 360 - Dante, Convivio, II, 5, avait affirmé que le nombre des élus a été fixé de manière à égaler le nombre des anges rebelles, qu’ils sont appelés à remplacer. 361 - Le Christ et sa Mère, seuls, sont montés au ciel avec leur corps.
|
Dante
|