Étienne de la Boétie (1530-1563)
Recueil : Vingt neuf sonnetz
C'estoit alors, quand, les chaleurs passees ...
C'estoit alors, quand, les chaleurs passees, Le sale Automne aux cuves va foulant Le raisin gras dessoubz le pied coulant, Que mes douleurs furent encommencees.
Le paisan bat ses gerbes amassees, Et aux caveaux ses bouillans muis roulant, Et des fruictiers son automne croulant, Se vange lors des peines advancées.
Seroit ce point un presage donné Que mon espoir est desjà moissonné ? Non certes, non ! Mais pour certain je pense,
J'auray, si bien à deviner j'entends, Si l'on peult rien prognostiquer du temps, Quelque grand fruict de ma longue esperance.
Pardon, Amour, Pardon ... C'est Amour, c'est Amour ... C'est faict, mon coeur ... C'estoit alors, quand, les chaleurs J'ay veu ses yeulx perçans ... Ce dict maint un de moy ... Quant à chanter ton los ... Quand viendra ce jour là ... Ô, entre tes beautez ... Je voy bien, ma Dourdouigne ... Toy qui oys mes souspirs ... Quoy ? qu'est ce ? ô vans ... Vous qui aimez encore ne sçavez Ô coeur léger, ô courage mal seur Ce n'est pas moy ... Ô l'ai je dict ? helas ... Si ma raison en moy ... J'estois prest d'encourir ... Je tremblois devant elle ... Ô vous, mauditz sonnetz ... N'ayez plus, mes amis ... Quand tes yeux conquerans ... Ce sont tes yeux tranchans ... Or, dis je bien, mon esperance J'ay tant vescu, chetif ... Puis qu'ainsi sont mes dures ... Lors que lasse est ... Si contre Amour je n'ay ... Jà reluisoit la benoiste journee
Amour, lors que premier ma franchise fut morte ...
Où qu'aille le Soleil, il ne voit terre aucune ...
Je ne croiray jamais que de Venus sortisse ...
Or, dis je bien, mon esperance est morte ...
Discours de la servitude volontaire
J'ay fait preuve des deux, meshuy je le puis dire ...
Pardon, Amour, Pardon ...
Je sçay ton ferme cueur, je cognois ta constance ...
Ce jourd'huy du Soleil la chaleur alteree ...
Ô vous, mauditz sonnetz ...
Ou soit lors que le jour le beau Soleil nous donne ...
Puis qu'ainsi sont mes dures destinees ...
Ô coeur léger, ô courage mal seur
Quand j'ose voir Madame, Amour guerre me livre ...
Quand viendra ce jour là, que ton nom au vray passe ...
Ô, entre tes beautez, que ta constance est belle ...
Vous qui aimez encore ne sçavez
Ce n'est pas moy que l'on abuze ainsi ...
Si onc j'eus droit, or j'en ay de me plaindre ...
Elle est malade, helas ! que faut-il que je face ? ...