Arthur Rimbaud (1854-1891) Recueil : Poésies (1870-1871)
Tête de faune
Dans la feuillée, écrin vert taché d’or, Dans la feuillée incertaine et fleurie De fleurs splendides où le baiser dort, Vif et crevant l’exquise broderie,
Un faune effaré
montre ses deux yeux Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches. Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
Et quand il a fui — tel qu’un
écureuil — Son rire tremble encore à chaque feuille Et l’on voit épeuré par un bouvreuil Le Baiser d’or du Bois, qui se recueille.