Jean-Antoine de Baïf (1532-1589)

Psaume V



(En vers mesurés.)

Prete l'oreille à ma complainte, Seigneur Dieu:
Veuilles entendre le murmure de ma pensée.
Ma clameur ois, comme mon Roi, comme mon Dieu. Si te prierai.

De matin doncques ma voix, Sire, tu orras:
De matin doncques j'appretrai mon oraison
Toute vers toi, d'où regardant ma délivrance j'attendrais:

Si tu es Dieu à qui forfait ne plaira point:
Si la malfaiture chez toi ne se tient pas:
Si de tes yeux au devant point ne vïendront les étourdis:

Car en horreur tu les as-pris les abhorrant
Tous les ouvriers de vaine erreur: et détruiras
Les avanceurs de la mensonge qui menteurs bavent en vain.

Le détestant le Seigneur hait l'homme maudit,
Qui le sang cherche, et de trahison le métier fait.
Je me fie moi comme assuré de la grandeur de ta bonté:

M'en assurant à ta maison j'irai entrer:
De ce lieu saint t'adorant Dieu révéremment,
Et de ta crainte tout outré, les honneurs dûs je te rendrai.

De ta droiture, Seigneur Dieu, guide mes pas,
Que ne sois mis à la merci de mon haineux:
Et devant moi dresse toujours le chemin saint de ta bonté.




Jean-Antoine de Baïf

 

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