Le crépuscule est triste et doux comme un adieu. À l’Orient, déjà dans le ciel sombre et bleu, Où lentement la nuit, qui monte, étend ses voiles, De timides clartés, vagues espoirs
d’étoiles, Contemplent l’Occident clair encore, y cherchant Le rose souvenir d’un beau soleil couchant. Le vent du soir se tait. Nulle feuille ne tremble Même dans le frisson harmonieux du tremble
; Et l’immobilité se fait dans les roseaux Que l’étang réfléchit au miroir de ses eaux. En un parfum ému chaque fleur s’évapore Pure, et les rossignols ne chantent pas
encore.
Pour échanger tout bas nos éternels aveux, Chère, nous choisirons cette heure, si tu veux. Nous prendrons le chemin tournant de la colline. Mon front se penchera vers ton front qui s’incline
; Et nos baisers feront des concerts infinis Si doux que les oiseaux, réveillés dans leurs nids, Trouveront la musique, à cette heure, indiscrète, Et se demanderont quelle bergeronnette Ou quel
chardonneret est assez débauché Pour faire l’amour quand le soleil s’est couché.