Après que cet accueil affectueux et digne « Avant qu’aux flancs du mont fissent retour les âmes Je suis Virgile : et seul m’a fait perdre le Ciel Comme qui voit soudain surgir devant les yeux tel restait l’autre ; et puis, en baissant le regard, « Ô gloire des Latins, s’exclama-t-il, par qui quel mérite ou faveur me permet de te voir ? « Je monte jusqu’ici, répondit-il alors, Et je n’ai pas perdu le soleil où tu tends Il se trouve là-bas un lieu dont les ténèbres Je suis son prisonnier, avec les innocents Je suis son prisonnier, avec ceux qui n’ont pas Mais si tu sais et peux le dire, donne-nous Il dit : « Nous n’avons pas de séjour établi ; Mais tu vois que le jour commence à décliner, Vois à droite, là-bas, des âmes isolées ; Ou Virgile dit : « Comment ? Si quelqu’un essayait Lors le bon Sordide traça du doigt par terre Pourtant, rien ne vient faire obstacle à la montée, Retournons donc plus bas, c’est ce qui reste à faire ; Alors mon maître dit, non sans étonnement : Nous nous étions à peine éloignés de là-bas, « C’est là que nous irons, nous dit alors cette ombre, Un sentier tortueux s’offrait pour y conduire, L’or ou le fin argent, l’écarlate et le blanc, posés parmi les fleurs et l’herbe de ce pré, La nature y servait non seulement de peintre, Parmi l’herbe et les fleurs j’apercevais des âmes « Tant que nous disposons d’un reste de lumière, Du haut de l’éperon vous pourrez distinguer Celui qui reste assis sur la plus haute place fut Rodolphe empereur, qui pouvait bien guérir Celui qui, devant lui, semble le consoler, c’est ce même Ottonien qui déjà dans les langes À côté, le camus qui discute à l’écart Vous le voyez d’ailleurs se frapper la poitrine ! du malheur de la France ils $ont père et beau-père ; L’homme à la forte épaule et dont le chant répond Après lui, si son trône avait pu demeurer Je n’en dis pas autant des autres héritiers, L’honnêteté des gens ne passe pas souvent Cette allusion vaut autant pour ce grand nez Le fruit de sa semence a bien dégénéré, Voyez là-bas Henri, qui fut roi d’Angleterre Et celui qui, plus bas, reste étendu par terre, ont été mis à sac par ceux d’Alexandrie. » (74)
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63 - Le vallon des princes négligents. 64 - Prière que l’on récite après vêpres, pour demander à la Vierge la grâce de nous retirer de cette vallée de larmes : elle convient donc parfaitement, dans cette circonstance. 65 - Rodolphe de Habsbourg, empereur d’Allemagne (1273-1291), avait déjà été accusé de négligence par Dante, cf. la note 56. « L’autre » semble être son successeur non immédiat, Henri VII (1308-1313). 66 - Ottokar II, roi de Bohême (1253-1278), fut le principal ennemi de Rodolphe de Habsbourg ; mais l’inimitié terrestre n’est plus de mise ici. Son fils, Venceslas IV le Pieux, roi de Bohême (1278-1305) et de Pologne (1300-1305), ne jouit pas de la sympathie du poète. 67 - Le camus est Philippe III le Hardi, roi de France (1270-1285), mort à Perpignan, de retour d’une expédition en Aragon où il avait essuyé des revers. Son interlocuteur est Henri Ier le Gros, roi de Navarre. Ils étaient père r beau-père de Philippe IV le Bel, roi de France, sévèrement jugé par Dante dans d’autres endroits de son poème. 68 - Le premier est Pierre III, roi d’Aragon (1276-1285) le pire ennemi de son voisin Charles d’Anjou, roi de Naples et de Sicile (1264-1285), qu’il supplanta après les Vêpres siciliennes. Pierre III était le mari de Constance, fille de Manfred ; cf. plus haut, la note 24. 69 - L’aîné de Pierre III, Alphonse III, roi d’Aragon de 1285 à 1291 ; il mourut sans avoir eu d’enfants. Mais sa réputation n’est pas aussi bonne que la lui fait Dante ; en sorte qu’on a pensé qu’il faisait plutôt allusion au cadet, Pierre, mort très jeune et sans avoir régné. 70 - Jacques II, dit le Juste, roi d’Aragon (1291-1327), et Frédéric II, roi de Sicile (1296-1337), « gloire de Sicile et d’Aragon » d’après leur grand-père Manfred (cf. la note 24). L’histoire n’a pas été pour eux aussi sévère que Dante. 71 - Ce sont les mêmes Charles d’Anjou et Pierre III d’Aragon, dont il a déjà été question. 72 - Constance, fille de Manfred, femme de Pierre III, eut un meilleur mari que Béatrice, fille de Raymond, comte de Provence, et femme de Charles d’Anjou, et que la seconde femme de celui-ci, Marguerite, fille du duc de Bourgogne. 73 - Henri III, roi d’Angleterre (1216-1272), souverain falot, père d’Édouard Ier, roi de 1272 à 1307. 74 - Guillaume III, marquis de Montferrat de 1254 à 1292, vicaire de l’empereur en Lombardie, durement combattu les villes guelfes. Prisonnier des habitants d’Alexandrie, le firent mourir dans une cage de fer ; son fils voulut venger sa mort, ce qui provoqua de longs sanglants combats entre Montferrat et Alexandrie, soutenue par les Visconti de Milan.
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Dante
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