Jean-Antoine de Baïf (1532-1589)

Vien ça, vien friandelette



Vien ça, vien friandelette,
Vien qu'en esbas amoureux
Ce beau printemps vigoureux,
Ma belle Francinelette,
Nous passions libres de soin,
" Loin des peines importunes,
" Qui volontiers ne sont loin
" Des plus hautaines fortunes.

Il n'est rien, qui ne convie
A suyvre la gayeté,
A toute joliveté,
A toute joieuse vie.
Il n'est rien qui à l'amour
Par exemple ne nous somme:
Il ne faut perdre un seul jour,
Qu'en amour on ne consomme.

Voy, le ciel rit à la terre
Serenant l'air d'un beau jour:
Voy, la terre fait l'amour
Au ciel, et de soy desserre
De son tresor le plus beau,
Pour doire de son nossage
Etalant le renouveau
De son odoureux fleurage.




Jean-Antoine de Baïf

 

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