Paul Verlaine (1844-1896)
Recueil : Amour (1888) -- Lucien Létinois Si tu ne mourus pas entre mes brasSi tu ne mourus pas entre mes bras, Ce fut tout comme, et de ton agonie J’en vis assez, ô détresse infinie ! Tu délirais, plus pâle que tes draps ; Tu me tenais, d’une voix trop lucide, Des propos doux et fous, « que j’étais mort, Que c’était triste », et tu serrais très fort Ma main tremblante, et regardais à vide ; Je me tournais, n’en pouvant plus de pleurs, Mais ta fièvre voulait suivre son thème, Tu m’appelais par mon nom de baptême, Puis ce fut tout, ô douleur des douleurs ! J’eusse en effet dû mourir à ta place, Toi debout, là, présidant nos adieux !... Je dis cela faute de dire mieux. Et pardonnez, Dieu juste, à mon audace.
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Paul Verlaine
Verlaine - Amour (1888)Oeuvres de Verlaine |