Mon fils est mort. J’adore, ô mon Dieu, votre loi. Je vous offre les pleurs d’un cœur presque parjure ; Vous châtiez bien fort et parferez la foi Qu’alanguissait l’amour pour une créature. Vous châtiez bien fort. Mon fils est mort, hélas ! Vous me l’aviez donné, voici que votre droite Me le reprend à l’heure où mes pauvres pieds las Réclamaient ce cher guide en cette route étroite. Vous me l’aviez donné, vous me le reprenez : Gloire à vous ! J’oubliais beaucoup trop votre gloire Dans la langueur d’aimer mieux les trésors donnés Que le Munificent de toute cette histoire. Vous me l’aviez donné, je vous le rends très pur, Tout pétri de vertu, d’amour et de simplesse. C’est pourquoi, pardonnez, Terrible, à celui sur Le cœur de qui, Dieu fort, sévit cette faiblesse. Et laissez-moi pleurer et faites-moi bénir L’élu dont vous voudrez certes que la prière Rapproche un peu l’instant si bon de revenir À lui dans Vous, Jésus, après ma mort dernière.
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Paul Verlaine
Verlaine - Amour (1888)Oeuvres de Verlaine |