Il fut un temps où vos lettres fidèles Adoucissaient mon exil amoureux : Ce temps n’est plus. Un destin rigoureux, Dix jours entiers, m’a déjà privé d’elles. Épargnez-vous
des détours superflus, Pour abuser ma crédule tendresse. Je le vois trop : je n’ai plus de maîtresse ; Vous m’oubliez, et vous ne m’aimez plus. Sans doute, hélas ! un autre a su vous
plaire. En m’arrachant l’objet de mes désirs, L’ingrat jouit de ma triste colère ; Mon désespoir augmente ses plaisirs.
Ô bains de Spa, source impure et funeste, Puissent
les vents et la flamme céleste Vous engloutir sous vos marbres rompus ! Aux tendres cœurs vous causez trop d’alarmes. Que d’amours vrais et de pudiques charmes, Dans leur saison, vos eaux ont corrompus
! Sans vous, hélas ! ma colombe timide, Mon Eucharis n’eût point trahi sa foi. Elle a touché votre rive perfide : Ah ! c’en est fait ; elle n’est plus à moi.