Paul Verlaine (1844-1896) Recueil : Sagesse (1880) -- Partie I
Et j'ai revu l'enfant unique ...
Et j'ai revu l'enfant unique: il m'a semblé Que s'ouvrait dans mon coeur la dernière blessure, Celle dont la douleur plus exquise m'assure D'une mort désirable en un jour consolé.
La bonne flèche aiguë et sa fraîcheur qui dure ! En ces instants choisis elles ont éveillé Les rêves un peu lourds du scrupule ennuyé, Et tout mon sang chrétien chanta la Chanson
pure.
J'entends encor, je vois encor ! Loi du devoir Si douce ! Enfin, je sais ce qu'est entendre et voir, J'entends, je vois toujours ! Voix des bonnes pensées !
Innocence, avenir ! Sage et silencieux, Que je vais vous aimer, vous un instant pressées, Belles petites mains qui fermerez nos yeux !