Au pied de cet autel de structure grossière Gît sans pompe, enfermé dans une vile bière, Le plus savant mortel qui jamais ait écrit; Arnauld, qui, sur la grâce instruit par Jésus-Christ, Combattant pour l’Église, a, dans l’Église même, Souffert plus d’un outrage et plus d’un anathème. Plein du feu qu’en son coeur souffla l’Esprit divin, Il terrassa Pélage, il foudroya Calvin; De tous les faux docteurs confondit la morale; Mais, pour fruit de son zèle, on l’a vu rebuté, En cent lieux opprimé par leur noire cabale; Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté; Et même par sa mort leur fureur mal éteinte N’aurait jamais laissé ses cendres en repos, Si Dieu lui-même ici de son ouaille sainte À ces loups dévorants n’avait caché les os.
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Nicolas Boileau
Poèmes de Nicolas Boileau |