Léon Dierx (1838-1912)
Recueil : Poèmes et poésies (1861)

La Prison


 

Comme les hauts piliers des vieilles cathédrales,
Ô rêves de mon coeur, vous montez ! Et je vois
L'ancien encens encore endormir ses spirales
À l'ombre de vos nefs, ô rêves d'autrefois !

Comme un orgue dompté par des mains magistrales,
Ô ma longue douleur ! Je t'écoute; et ta voix
Murmure encor l'écho des plaintes et des râles
Que j'ai depuis longtemps étouffés sous mes doigts !

- Allons ! Prêtre enfermé qui saignas sous l'insulte,
N'as-tu pas renié ton église et ton culte,
Et brisé l'encensoir aux murs de ta prison ?

Debout ! étends les bras sans fermer les paupières !
Qu'ils croulent, ces arceaux dont tu sculptas les pierres,
Dût leur poids t'écraser du coup, comme Samson !

 

 


Léon Dierx

 

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