Jean-Antoine de Baïf (1532-1589)

D'un chapeau qui fleuronne



D'un chapeau qui fleuronne
La rose on ne couronne,
Tes atours en ce point
Ne te reparent point:
Mais ce sont les parures
De tes belles vetures
Les luysantes beautez
En toy de tous costez:
Les pierres precieuses,
Les robes somptueuses,
En tes acoustrements
Perdent leurs ornements.
Aucun coral n'aprouche
Du naïf de ta bouche,
Couvrant sous sa fraicheur
De tes dents la blancheur.
Prés tes dents compassées,
Les perles amassées
Sur le bord Indien
On ne priseroit rien.
De tes claires prunelles
Les flâmettes jumelles
Obscurcissent l'éclat,
Qui sous elles s'abat,
Des emeraudes fines.
Tes onglettes rosines
Eblouissent le teint
De l'onyce deteint.


Jean-Antoine de Baïf

 

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