Clément Marot - (1496-1544)



Clément Marot, né à Cahors en 1496 et mort en 1544 à Turin, est un poète français.

"Bien qu'encore marqué par l'héritage médiéval, Clément Marot est l'un des premiers grands poètes français modernes. Précurseur de la Pléiade, il est le poète officiel de la cour de François Ier. Malgré la protection de Marguerite de Navarre, sœur du roi de France François Ier, ses sympathies marquées pour la Réforme et pour Luther lui ont cependant valu la prison puis l'exil en Suisse et en Italie".

Clément Marot est né à Cahors, d’une mère gasconne et d’un père originaire de Caen, Jean des Marets dit Marot.
Ce Jean des Marets était marchand, mais, à la fin de l’année 1505 il fut révoqué par sa corporation.
Il quitta alors la région du Quercy et se mit à écrire des vers. Comme ces vers plurent à Michelle de Saubonne, femme de Jean IV de Parthenay, seigneur du parc Soubise, il fut présenté à la reine Anne de Bretagne qui en fit son poète en titre.
Il fut bien reçu et devint un des poètes favoris de Louis XII, qu’il accompagna en Italie.

Il plaça son fils Clément, qui avait été écolier à Paris, comme page chez Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, dans la maison duquel le jeune homme demeura peu.
Très vite le jeune Clément Marot composa lui aussi des vers.

Dès 1513, il passa en qualité d'homme de chambre au service de Marguerite d'Angoulème, duchesse d’Alençon, sœur de François Ier.
Ce monarque, sachant combien elle aimait la poésie, lui fit présenter Marot par le seigneur de Pothon.
S’il faut en croire l'un des éditeurs de ses œuvres, Nicolas Lenglet-Dufresnoy, le poète osa aspirer aux faveurs de Diane de Poitiers et même de Marguerite de Valois, liaison que plusieurs écrivains, entre autres Laharpe, ne mettent pas en doute.
Mais rien n’est moins prouvé ; et l’abbé Claude-Pierre Goujet assure que ces amours sont de pure invention.
Marot, en effet, eut les plus grandes difficultés à se faire inscrire sur l’état de la maison de la princesse, au point qu’il s’en plaint dans sa huitième ballade.

Quoi qu’il en soit de cette liaison, le poète suivit François Ier, en tant que valet de chambre, à Reims et à Ardres en 1520, et le duc d'Alençon au camp d’Attigny, où ce prince, en 1521, était à la tête de l’armée française.

Il traduit Virgile et Lucien. Dès 1515, il offre au nouveau roi, François Ier, un recueil intitulé, Le Temple de Cupido, fait par Maistre Clément Marot, facteur de la Royne. En 1517 ou 1518, il adresse au Roi une Petite Epistre.

En 1521, il se trouva à l’armée du Hainaut que François Ier commandait en personne ; et on le voit en 1525 à la bataille de Pavie, où il fut blessé au bras et fait prisonnier.

De plus grandes infortunes l’attendaient en France ; il y était revenu, comptant peut-être un peu trop sur la protection de la cour, où son talent, la politesse de ses manières et l’enjouement de sa conversation l’avaient mis en crédit.
Marot, libertin d’esprit et de cœur, peu réservé dans ses propos et frondant ouvertement les observances ecclésiastiques, donnait prise à ses ennemis.
On l’accusa d’être imbu des nouvelles opinions ; il a des sympathies marquées pour la Réforme et pour Luther. Il est arrêté, accusé d’hérésie et conduit dans les prisons du Châtelet où il fut enfermé en 1525.
Il proteste, dans son Épître à l’inquisiteur Bouchard, qu’il n’était ni luthérien, ni zuinglien, ni anabaptiste.

Il obtint la grâce d’être transféré en 1526 des prisons du Châtelet dans celles de Chartres, moins obscures et plus saines que celles de Paris ; les visites des personnes les plus considérables de la ville adoucirent un peu les ennuis de sa captivité.
Ce fut là qu’il composa son poème, l’Enfer, description satirique du Châtelet, et invective contre les abus des gens de justice.

Il y retoucha aussi le Roman de la Rose, en substituant des phrases connues à celles qui avaient vieilli.
Il peut sortir de prison, grâce à son ami Lyon Jamet, et à l’évêque de Chartres, Louis Guillard.
Pour remercier son ami, il écrit Epistre à son amy Lion.

Sa détention ne l’avait pas corrigé. En 1526-1527, il s’éprend d’une jeune fille et écrit Dalliance de Grande Amye.

En 1527, s’étant avisé d’arracher des mains des archers un homme que l’on menait en prison, il y fut mis lui-même ; et il implora la protection de François Ier par une jolie épître Epistre de Marot envoyée au Roy, qui fut si bien reçue, que ce prince écrivit de sa propre main à la cour des aides pour faire accorder la liberté au prisonnier.

En 1531, à l'occasion de la mort de Louise de Savoie, mère du roi, il la dépeint comme une sainte qui a réformé la cour de France et lui a enfin donné de bonnes mœurs, à tel point que son trépas laisse le pays et la nature sans vie, les nymphes et les dieux accourent et gémissent.
Il la dépeint comme évangélique dans sa conception de la vie sociale avec une vision pastorale et traditionnelle de la manière dont on doit se conduire.

En 1532, il publie Epistre au Roy, par Marot estant malade à Paris. Le Roi est sensible à tant d’esprit et accorde à Marot qui est officiellement son valet de chambre depuis 1528, cent écus d’or au soleil en faveur et considération de ses bons et agréables services.
À peine le poète commençait-il à respirer, que ses sentiments sur la religion élevèrent contre lui une nouvelle tempête. La justice saisit ses papiers et ses livres.

En 1533, il publie la traduction du Pseaume VI, qu’il compose après avoir échappé à la terrible maladie qui le terrasse presque.
À la suite de l’affaire des placards en 1534, catholiques et protestants s’affrontent violemment. François Ier, après avoir beaucoup tergiversé, se décide pour la répression.
Clément Marot préfère s’éloigner de la cour.

Il se sauve dans le Béarn en l’an 1535, et ensuite à la cour de la duchesse de Ferrare, madame Renée de France, en Piémont.
Il y retrouve les dames de Soubise. Mais s’apercevant qu’il était vu de mauvais œil par le duc, il se retira en 1536 à Venise.

Ce fut de là qu’il obtint son rappel en France, puis à la cour, par le moyen d’une abjuration solennelle qu’il fit à Lyon entre les mains du cardinal de Tournon.
Il obtient le pardon du Roi. Pour remercier le Roi, il écrit Epistre au Roy, du temps de son exil à Ferrare.

À ces orages succéda un intervalle de paix dû à la prudence que la réserve italienne et le souvenir de ses disgrâces passées parurent lui inspirer.
La publication de ses premiers Psaumes troubla cette tranquillité. En 1541, il publie Trente Pseaulmes de David, mis en françoys par Clément Marot, puis les Cinquante Pseaumes.
Cette traduction qu’il entreprit, à la sollicitation du célèbre Vatable, eut la plus grande vogue à la cour. François Ier chantait ces Psaumes avec plaisir.
Chacun des seigneurs et dames de la cour en affectionnait un qu’il accommodait de son mieux aux vaudevilles, souvent burlesques, qui étaient alors à la mode.
Mais on peut dire qu’ici Marot avait méconnu le genre de son talent ; et les personnes sensées, dit l’abbé Goujet, ne tardèrent pas à s’apercevoir qu’il avait chanté sur le même ton les hymnes du roi-prophète et les merveilles d’Alix.
Bientôt la Sorbonne crut remarquer des erreurs dans cette traduction et en porta des plaintes au roi.
François Ier, qui aimait le poète et qui désirait la continuation de son travail, eut peu d’égard à ces remontrances.
La faculté de théologie n’en continua pas moins ses plaintes et ses censures, et finit par défendre la vente de l’ouvrage.

En 1542, François Ier fait rechercher les luthériens, et bien que son nom ne soit pas prononcé, il part de nouveau en exil et gagne Genève.

En 1543, il s’installe à Chambéry, capitale des États de Savoie où il est tranquille et ne court aucun risque d'être inquiété pour ses opinions réformistes.
Début 1544, il passe quelque temps au château de Longefan (à la Biolle, près d'Aix-les-Bains), puis est reçu au château de François de Bellegarde, grand amateur de poésie, pour lequel il compose une épître.

Voulant rejoindre l'armée française au Piémont, il gagne Turin où il décède dans l’indigence en 1544, toujours occupé de nouveaux vers et de nouvelles amours, et laissant pour fils unique Michel Marot.

 


Clément Marot
Poèmes


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