Évariste de Parny (1753-1814)
Recueil : Chansons Madécasses (1787)

Chanson VI



AMPANANI

Jeune prisonnière, quel est ton nom ?


VAÏNA

Je m’appelle Vaïna.


AMPANANI

Vaïna, tu es belle comme le premier rayon du jour. Mais pourquoi tes longues paupières laissent-elles échapper des larmes ?


VAÏNA

Ô roi ! j’avais un amant.


AMPANANI

Où est-il ?


VAÏNA

Peut-être a-t-il péri dans le combat, peut-être a-t-il dû son salut à la fuite.


AMPANANI

Laisse-le fuir ou mourir ; je serai ton amant.


VAÏNA

Ô roi ! prends pitié des pleurs qui mouillent tes pieds !


AMPANANI

Que veux-tu ?


VAÏNA

Cet infortuné a baisé mes yeux, il a baisé ma bouche, il a dormi sur mon sein ; il est dans mon cœur, rien ne peut l’en arracher...


AMPANANI

Prends ces voiles et couvre tes charmes. Achève.


VAÏNA

Permets que j’aille le chercher parmi les morts, ou parmi les fugitifs.


AMPANANI

Va, belle Vaïna ; périsse le barbare qui se plaît à ravir des baisers mêlés à des larmes !


 


Evariste de Parny

 

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