Évariste de Parny (1753-1814)
Recueil : Chansons Madécasses (1787)

Chanson III



Quel imprudent ose appeler aux combats Ampanani ? Il prend sa zagaie armée d’un os pointu, et traverse à grands pas la plaine. Son fils marche à ses côtés ; il s’élève comme un jeune palmier sur la montagne. Vents orageux, respectez le jeune palmier de la montagne.

Les ennemis sont nombreux. Ampanani n’en cherche qu’un seul, et le trouve. Brave ennemi, ta gloire est brillante : le premier coup de ta zagaie a versé le sang d’Ampanani. Mais ce sang n’a jamais coulé sans vengeance ; tu tombes, et ta chûte est pour tes soldats le signal de l’épouvante. Ils regagnent en fuyant leurs cabanes. La mort les y poursuit encore : les torches enflammées ont déjà réduit en cendres le village entier.

Le vainqueur s’en retourne paisiblement, et chasse devant lui les troupeaux mugissants, les prisonniers enchaînés, et les femmes éplorées. Enfants innocents, vous souriez, et vous avez un maître !


 


Evariste de Parny

 

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