Dieu, nous voulant amis parfaits, nous fit tous deux Gais de cette gaîté qui rit pour elle-même, De ce rire absolu, colossal et suprême, Qui s’esclaffe de tous et ne blesse aucun d’eux. Tous deux nous ignorons l’égoïsme hideux Qui nargue ce prochain même qu’il faut qu’on aime Comme soi-même : tels les termes du problème, Telle la loi totale au texte non douteux. Et notre rire étant celui de l’innocence, Il éclate et rugit dans la toute-puissance D’un bon orage plein de lumière et d’air frais. Pour le soin du Salut, qui me pique et m’inspire, J’estime que, parmi nos façons d’être prêts, Il nous faut mettre au rang des meilleures ce rire.
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Paul Verlaine
Verlaine - Amour (1888)Oeuvres de Verlaine |